« Au début je me suis trouvé des excuses pour ne pas venir. L’idée raconter ce que j’avais vécu pendant des années avec mon ex-compagnon me terrifiait. Et puis j’ai sauté le pas, un samedi. J’ai rejoint les filles et ça m’a fait du bien de parler à des personnes extérieures. L’après-midi même, ma sœur me disait qu’elle me trouvait vachement bien ». Depuis plusieurs mois, Gaëlle, 48 ans, participe au GIF (groupe informel de femmes) à Saumur (Maine-et-Loire), un groupe de parole exclusivement réservé aux femmes victimes de violences conjugales.
Avec elle ce samedi matin d’octobre 2024, Lucie, Agnès, Victoire*, Sarah*, Martine* et Vanessa*. Une fois par mois, celles qui le souhaitent, se retrouvent dans l’arrière-salle de L’Esperluette, espace associatif et autogéré, pour évoquer leurs histoires, leurs peines, leurs inquiétudes mais aussi leurs joies, leurs espérances, leurs combats pour aller mieux, pour se reconstruire. Si elles n’ont pas toutes vécu le même type de violences, ces femmes, souvent mères de famille, se comprennent et s’épaulent.
« Il n’y a pas de jugement mais une empathie »
Autour de boissons chaudes, de brioches nappées d’un caramel fait maison, de marbré, elles se confient. « Dans ce groupe de parole, il n’y a pas de jugement, il y a une empathie de facto », analyse Agnès. Cette mère de deux enfants a quitté son mari après 17 ans de vie commune. « J’ai longtemps été isolée de facto car pour son travail, mon ex-mari était amené à changer régulièrement de ville ». Pas facile donc pour la quadragénaire de se faire des amies. Lorsque la famille s’installe à Vendôme, il y a quelques années, la situation change. « Là, les gens étaient plus ouverts. J’ai donc sympathisé avec des mamans d’école. Et j’ai pris conscience que mon quotidien avec mon mari, n’était pas la norme »
Extrait de l'Article d'Annah Blouin-Favard paru dans le Courrier de l'Ouest du Saumurois le 25 Novembre 2024
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