Procès Lucas Larivée
Deux ans avant sa mise en examen pour l’enlèvement, le meurtre et le viol de Justine Veyrac, tuée en octobre 2022 en Corrèze, cet ouvrier agricole aurait détruit le hangar de ses patrons par vengeance, ce qu’il nie avec force, en dépit d’indices accablants.
Alors qu'on s'attend à voir un monstre entrer en scène, c'est un jeune homme à la beauté troublante avec ce je-ne-sais quoi d'impertinent qui prend place sereinement dans le box des accusés.
Sûr de ses charmes, il adoptera une attitude très calme et contrôlée tout au long du procès, loin du caractère impulsif qu'on prêterait d'emblée à un assassin.
Article paru dans le journal "La Montagne"
le 17 Janvier 2024
« Mais qui êtes-vous, Lucas Larivée ? ».
Hier devant le tribunal correctionnel de Tulle, la question était sur de nombreuses lèvres avant l’ouverture du procès, le premier rendez-vous du jeune homme devant un tribunal.
Le jeune ouvrier agricole, 22 ans, y était jugé pour l’incendie de plusieurs bâtiments agricoles et des dégradations commis à Saint-Hilaire-Peyroux, dans l’exploitation de son tuteur de stage, le 2 août 2020. Une affaire antérieure à celle du meurtre de Justine Vayrac, pour laquelle il reste mis en examen pour séquestration, viol et meurtre. Durant cette journée, l’ombre de la jeune Lotoise a plané tout au long des débats, sans que sonnom ne soit jamais prononcé. Pour autant, les débats ont été particulièrement éclairants sur la personnalité du mis en cause, au regard de son parcours criminel. « Qui se cache derrière ce visage d’ange ? », s’est interrogé Me Christine Marche, avocate de la partie civile.
Attentif et impassible, la « gueule d’ange », est arrivée dans sa cage de verre aux alentours de 10 heures, entourée de ses gardiens, trois agents de l’escorte judiciaire. Jean bleu, veste à carreaux sur un pull couleur aubergine, cheveux courts, Lucas Larivée est propre sur lui, à la fois attentif et impassible devant l’exposé de la présidente du tribunal, qui retrace son parcours. Cette nuit du 2 août. Aucune émotion ne transparaît, ce n’est
pas son genre. Surtout quand il se trouve dans une situation inconfortable. « Malgré son immaturité,
il fait preuve d’une volonté massive pour paraître sympathique, ce qui rend sa personnalité
lisse, qui ne se livre guère », explique l’expert psychologue, qui n’a en revanche décelé aucune pathologie pouvant atteindre son discernement. Une personnalité « lisse et inquiétante », rebondira l’avocate de la partie civile. Car si un trait de caractère du jeune prévenu est ressorti au cours de cette audience, c’est la confiance en lui qui jaillit de sa personnalité.
Quant au rapport d’expertise psychiatrique, peu élogieux, qui lui est présenté lors de l’audience, le jeune homme ne cache pas
le mépris qu’il lui inspire : « Dire ça après 45 minutes de consultation, c’est fort ». La tête légèrement penchée, pouvant laisser penser qu’il prend de haut son interlocuteur. Quand la présidente lui demande à quelle fréquence
il sortait en soirée au moment des faits, il répond avec distance : « Je sortais quand j’en avais envie », sans en dire davantage.
Quand, au cours de l’enquête, la juge d’instruction lui avait reproché de ne pas respecter son contrôle judiciaire en entrant en
contact avec une amie (témoin de l’affaire), il avait répondu : « Vous aviez dit que je devais
éviter de la rencontrer, pas que je ne devais pas le faire ». Lucas Larivée, c’est cela, une tête d’ange avec de l’aplomb dans l’aile.
D’où lui vient cette condescendance naturelle, qu’il impose à ses interlocuteurs, mêlée à cette personnalité imperméable ? Est-ce le signe d’un narcissisme, comme cela est suggéré par les experts psychiatre et psychologue ? Cela s’est il construit durant son adolescence dont il peine à sortir ? Y a-t-il un lien avec les décès de ses grands-parents coup sur coup, qui l’ont profondément touché au point de se faire tatouer sur le torse, discrètement, la date anniversaire de leur mort, comme si le deuil était impossible ?
Extrait de l'article rédigé par Pierre Vignaud
Les dates clés du parcours judiciaire de Lucas Larivée
2 août 2020
Après une remontrance de son tuteur de stage à propos de son comportement, Lucas Larivée se rend sur l’exploitation où il est employé, à Saint-Hilaire-peyroux. Il met le feu à deux granges et dégrade plusieurs silos de grains.
4 août 2020
Lucas Larivée est placé en garde à vue par la gendarmerie, puis il est mis en examen pour « incendie volontaire » et placé sous contrôle judiciaire. Il nie les faits.
Décembre 2020
pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire, le jeune agriculteur de 19 ans est placé en détention provisoire. La justice lui reproche d’être entré en contact avec une personne du dossier.
Avril 2021
Après cinq mois de détention à la maison d’arrêt. Lucas Larivée est remis en liberté.
23 octobre 2022
Lors d’une soirée à la Charrette, à Brive, il retrouve Justine Vayrac, une jeune femme de 21 ans qu’il connaît. Alors que celle-ci est alcoolisée, il la ramène à son domicile, à Beynat. Son cadavre sera retrouvé dans un bois près de chez Lucas Larivée.
27 octobre 2022
Après avoir été interpellé à Beynat, Lucas Larivée est mis en examen pour le meurtre etle viol de Justine Vayrac. Il est incarcéré à la maison d’arrêt de Neuvic, en Dordogne.
16 janvier 2024
Il est condamné devant le tribunal correctionnel de tulle pour l’affaire de l’incendie.
31 janvier 2024
La cour de Cassation doit rendre sa décision, suite au recours de la défense de Lucas Larivée. Ce dernier conteste les conditions dans lesquelles il a avoué le meurtre de Justine Veyrac